MESSAGE DE U.E.A. À L’ONU À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DES RÉFUGIÉS, LE 20 JUIN 2024🌍

[Message adressé aux Nations Unies. Nous vous serions reconnaissants de le recopier dans vos publications locales et de le faire connaître à votre communauté. D’avance merci !]

Les Réfugiés sont parmi les humains les plus vulnérables du Monde d’aujourd’hui. En plus de fuir les persécutions, la terreur, les conflits ou les catastrophes naturelles, ils affrontent aussi souvent des dangers sur les routes de l’exil vers un refuge et dans les régions où ils cherchent la sécurité. Cependant, les réfugiés sont des humains et en cette qualité ont  des droits (ceux de la Déclaration universelle des droits humains) : ils ont le droit de reconstruire leurs vies. Ensemble nous pouvons garantir leur sécurité et soutenir leur inclusion sociale et économique. Ensemble nous pouvons travailler pour éliminer les raisons de leur fuite.

Le thème de cette année du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) est : « Pour un Monde où les réfugiés sont les bienvenus». La solidarité est la clé : dans les pays d’accueil, solidarité pour accueillir les réfugiés et les aider à vivre dans leur nouvelle communauté ; internationalement, solidarité pour aider à la résolution des conflits ; réparer les dégâts des catastrophes naturelles, reconstruire les pays, et soutenir les pays d’accueil en fournissant les moyens nécessaires.

L’expérience du réfugié est un profond sentiment d’impuissance. La philosophe Hannah ARENDT, elle-même réfugiée, a décrit cette impuissance comme suit : « Nous avons perdu notre foyer, c’est à dire la familiarité de notre vie quotidienne. Nous avons perdu notre profession, c’est à dire l’assurance d’être de quelque utilité en ce monde. Nous avons perdu notre langue maternelle, c’est à dire nos réactions naturelles, la simplicité des gestes et l’expression spontanée de nos sentiments. » [ARENDT, in «We Refugees», 1943]

En effet la langue est la base de la vie humaine, elle doit faire l’objet d’une attention particulière. Où il manque une langue commune, la langue est souvent la principale barrière pour les réfugiés ; où une langue commune existe, elle peut être une porte ouverte et un chemin vers une intégration complète. Nous demandons que les droits linguistiques des réfugiés fassent l’objet d’une attention urgente. Comme tous les autres humains, ils ont le droit d’utiliser leurs langues, et ont le droit d’apprendre, accéder à des services et de participer aux débats publics dans leurs langues maternelles. De plus, ils ont le droit d’apprendre les langues de leur nouveau foyer.

En tant que communauté de locuteurs de la langue internationale Espéranto, nous nous battons pour faciliter la communication, faciliter les relations, faire croître un fort sentiment de solidarité et développer la compréhension et l’estime  entre les humains. Un Monde où les refugiés sont les bienvenus est un monde où toutes les langues sont bienvenues : Nous construisons ensemble un tel Monde !

MESAĜO DE U.E.A. AL U.N OKAZE DE LA MONDA TAGO DE RIFUĜINTOJ, 20 JUNIO 2024🌍

[ Mesaĝo sendota al UN. Kun afabla peto republikigi ĝin en viaj lokaj kaj landaj gazetoj kaj aperigi ĝin en viaj aliaj komunikiloj. Dankon! ]

Rifuĝintoj estas inter la plej vundeblaj homoj de nia hodiaŭa mondo. Krom fuĝi el persekuto, teroro, konflikto aŭ katastrofo, ili ofte ankoraŭ frontas danĝerojn survoje al rifuĝo kaj en la regionoj kie ili serĉas sekurecon. Tamen, rifuĝintoj estas homoj kaj havas homajn rajtojn: ili rajtas rekonstrui siajn vivojn. Kune ni povas garantii ilian sekurecon kaj subteni ilian ekonomian kaj socian inkluzivon. Kaj kune ni povas labori por elimini la kialojn de ilia fuĝado.

La nunjara temo de la Alta Komisiono de UN por Rifuĝintoj (UNHCR) estas: « Por mondo kie rifuĝintoj estas bonvenigataj« . Solidareco estas la ŝlosilo: en gastigaj landoj, solidareco por ricevi rifuĝintojn kaj helpi ilin prosperi en la nova komunumo; internacie, solidareco por helpi fini konfliktojn kaj ripari naturajn katastrofojn, rekonstrui landojn, kaj subteni gastigajn landojn per bezonataj rimedoj.

La sperto esti rifuĝinto kaŭzas profundan senton de senpoveco. Filozofo Hannah Arendt¹, mem rifuĝinto, priskribis tiun senpovecon jene: « Ni perdis nian hejmon, kiu signifas la familiarecon de ĉiutaga vivo. Ni perdis nian okupon, kiu signifas la memfidon, ke ni iel utilas en ĉi tiu mondo. Ni perdis nian lingvon, kiu signifas la naturecon de reagoj, la simplecon de gestoj, la senafektan esprimon de sentoj. » [Arendt, We Refugees 1943]

Ĉar lingvo estas tiel baza en homa vivo, ĝi devas ricevi specialan atenton. Kie komuna lingvo mankas, la lingvo estas ofte la ĉefa baro por rifuĝintoj; kie komuna lingvo ekzistas, ĝi povas esti malferma pordo kaj vojo al plena integrado. Ni pledas por urĝa atento al lingvaj homaj rajtoj de rifuĝintoj. Same kiel ĉiuj aliaj homoj, ili rajtu uzi siajn lingvojn, kaj rajtu lerni, aliri servojn, kaj partopreni publikajn diskutojn per siaj gepatraj lingvoj. Krome, ili rajtu lerni la lingvojn de sia nova hejmo.

Kiel komunumo de parolantoj de la internacia lingvo Esperanto, ni strebas por faciligi komunikadon, plifaciligi rilatojn inter homoj, kreskigi fortikan senton de solidaro kaj disvolvi komprenon kaj estimon. Mondo kie rifuĝintoj estas bonvenaj estas mondo kie ĉiuj lingvoj estas bonvenaj: ni konstruu kune tiun mondon.

Réfugiés syriens et iraquiens arrivant à Skala Sykamias, Lesbos (Grèce) en octore 2015 [Sirianoj kaj irakaj rifuĝintoj alvenas al Skala Sykamias Lesbos Grekio, oct. 2015] (photo Ggia, CC)

Capture d’écran d’un camp de réfugiés passés du Soudan au Tchad et ayant doublé en une semaine, mai 2023 [Ekrankapto de tendaro de rifuĝintoj kiuj fuĝis de Sudano al Ĉadio, duobla en unu semajno, majo 2023] (photo Voice Of America, DP)

Occasion de reproposer ce texte magnifique de Patrick SALINIÉ, chanteur occitan, écrit suite à la publication de la photo tragique du petit Aylan, 3 ans, retrouvé mort sur une plage de Méditerranée.

LE CRI DU SILENCE

La lune était absente. Elle avait momentanément fui le ciel qu’aucune étoile ne cloutait. Un groupe d’ombres furtives et muettes avançait dans cette noirceur choisie. Hommes, femmes, et de nombreux enfants accrochés aux vêtements amples de leurs mères. Le sable ralentissait leur marche silencieuse. Après la dune il y aurait une autre dune et une encore. Quelqu’un chuta en s’entravant dans la valise qui lui battait les jambes depuis le début de la nuit, étouffant une plainte contenue.

Skout ! Tais-toi ! souffla une voix violente. Nous arrivons ! Je ne veux aucun bruit ! Après cette butte, il y a la plage. Et le bateau.

Sur le sommet de la dune ils entendirent la mer mais ils ne la virent pas. Seuls le sac et le ressac leur disaient qu’elle était là. Le vent lui-même se taisait, retenant son souffle comme ils retenaient le leur.

Derrière les vagues ils aperçurent enfin une masse sombre qui dansait dans les écumes claires. En file indienne, s’appuyant les uns sur les autres, ils entrèrent jusqu’à la taille dans l’eau froide qui tentait de les déséquilibrer, tenant au-dessus de leurs têtes leurs maigres bagages, portant sur les épaules ou à bout de bras les enfants trop petits.

Depuis le bateau fantôme, les passeurs les hissèrent un par un à bord, leur indiquant brièvement l’endroit où s’asseoir, se terrer, se serrer et se taire.

Youmna et Nadim rassemblèrent leurs trois petits pour tenter de leur faire un nid protecteur contre la ferraille poisseuse de la coque. Nadim pensa à leur fuite d’Alep. Il se demanda s’il était juste d’avoir entraîné sa famille dans cette galère rouillée. Ils cheminaient entre deux périls, la guerre aux trousses et un gouffre inconnu qui s’ouvrait devant eux. La peur, une autre peur et l’espoir étrangement mêlés. Qu’allaient-ils trouver de l’autre côté ? On leur avait parlé d’Athènes, des autorités. On les avait rassurés.

A présent les passeurs agacés expliquaient à l’un des fuyards comment manœuvrer le bateau, les consignes à appliquer pour aborder les côtes grecques. Ils lui donnèrent une simple boussole, mirent un moteur suintant et éructant en route, puis ils abandonnèrent le navire.

A plus de trois mille kilomètres de là, le village s’apprêtait à vivre une étrange traversée. La population s’était rassemblée dans la salle des fêtes pour s’informer des décisions. La nouvelle avait divisé les habitants. Depuis six mois, l’idée d’un accueil de migrants s’était précisée, portée par l’association locale « entraide ». Un logement avait été pressenti. En majorité, les administrés ne s’étaient pas montrés hostiles. Certains avaient émis le vœu d’accumuler des dons pour accueillir dignement leurs nouveaux concitoyens. Mais pour d’autres, le doute subsistait, à fleur de colère.

Sur une banderole tendue derrière l’estrade, l’association « Entraide » s’était approprié une chanson à la mode : « Je vous souhaite tous les bonheurs du monde, et que quelqu’un vous tende la main ! » proclamait sur fond rouge le calicot.

Devant une assistance mouvante, conscient des oppositions, le Préfet se saisit du micro :

Mesdames et messieurs, votre présence nombreuse témoigne que la proposition que je suis venu exprimer ne vous laisse pas indifférents. Je vous confirme que, dans une semaine, deux familles syriennes seront accueillies dans votre village. Deux couples ayant respectivement deux enfants. Huit personnes qui ont fui les atrocités de leur pays en guerre. Leur demande d’asile a été accordée et tout a été mis en œuvre pour que leur intégration soit paisible. Je souhaite que nous ayons un débat positif pour aborder toutes les questions qui subsistent.

La discussion s’engagea sous des auspices favorables. La présidente d’« Entraide » rappela le devoir d’humanisme, énuméra les conditions d’accueil, le soutien financier de l’état.

C’est une aventure humaine à laquelle nous sommes tous conviés. Je suis persuadée qu’elle débouchera sur un enrichissement réciproque.

Ceux qui étaient contre le projet n’avaient pas encore soufflé mot. Jean Marc Delteil, l’un des plus farouches opposants écumait littéralement. Il se tortillait sur son siège en soufflant comme un phoque. Il décida enfin de monter à l’abordage.

Le bateau se battait contre la houle. Les marins improvisés menaient le rafiot surchargé entre Charybde et Scylla, guettant au-delà de l’obscurité mugissante la lueur rassurante d’un phare. 150 visages chavirés se tendaient vers eux. 150 vies suspendues à un même fil suivaient leurs gestes hésitants. Les captifs ruisselants, craintifs, essuyaient les embruns, en proie à d’insupportables nausées. Le plus jeune enfant de Youmna et Nadim, secoué de spasmes s’agrippait au bastingage, vomissant une énergie qui l’abandonnait. Sur sa figure si pâle, ses yeux étaient devenus immenses.

Dans la salle des fêtes surchauffée, Delteil s’était levé :

Pourquoi notre village ? Je comprends la souffrance de ces migrants mais on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! Nos élus n’ont qu’à les prendre chez eux ! Nous devons les renvoyer dans leurs pays d’origine sinon d’autres viendront, que nous ne pourrons refuser ! Nous avons ici assez de gens dans la difficulté, et qui n’ont pas de boulot, pour aller en chercher ailleurs ! Priorité à nos concitoyens !

Quelques approbations sonores suivirent cette déclaration.

C’est étrange comme on oublie la seconde partie de cette phrase, dit Madame la maire : « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde » disait Michel Rocard, « mais on peut prendre notre part de cette misère » ! C’est ce à quoi nous sommes invités. Ni plus, ni moins, avec lucidité, aux côtés de ceux pour qui le droit d’asile a une signification, pour ceux que les valeurs de solidarité animent. Ils sont nombreux à signer cet appel : intellectuels, chercheurs, économistes, ONG, Croix Rouge, y compris les évêques de France et jusqu’au Pape lui-même ! J’ai la conviction que cet accueil sera bénéfique pour les personnes que nous allons protéger mais aussi pour notre commune, pour les effectifs de notre école, pour l’activité du village, pour notre honneur collectif !

Delteil évoqua l’insécurité, la différence des cultures, la barrière de la langue :

Ils vont être perdus dans nos campagnes ces pauvres gens !

Peut-être moins que sous les bombes ! souligna la boulangère. Moi, je suis arrivée du Portugal avec mes parents au début des années soixante. La valise en carton je connais ! Nous avons été bien reçus. Nous sommes intégrés.

Oui, reprit Delteil. Mais vous ce n’est pas pareil. Vous aviez la même culture que nous, vous étiez chrétiens !

Une clameur indignée monta de la salle. Le Préfet répliqua :

Nous n’avons pas à considérer la couleur, l’origine ou la religion des personnes que nous recevons ! Je devine votre pensée. Elle ne vous honore pas. De plus, qui vous dit si les migrants que vous vous apprêtez à recevoir ne sont pas athées ou chrétiens d’Orient ? Samedi à 11 heures, ils arriveront par le bus. Je vous invite à leur faire un bel accueil ! Il est important de montrer votre unité par la chaleur de cette réception.

Madame la Maire précisa que la manifestation aurait lieu dans la salle des mariages.

Je suggère que chacun d’entre nous vienne avec une fleur à la main. Merci à ceux qui pourront se libérer !

Delteil se montra à nouveau obstiné :

En tout cas ne comptez pas sur moi !

Le village se sépara sur cet échange.

En mer, le voyage tournait à la tragédie. Youmna se leva soudain en hurlant :

Mon enfant ! Mon enfant ! Stoppez le bateau ! Mon enfant vient de basculer dans la mer !

Nadim s’était précipité pour essayer d’apercevoir son fils au milieu des vagues mais le pilote ne réagissait pas, le bateau filait.

Arrêtez, je vous dis, arrêtez !

Il tenta de se frayer un passage jusqu’au gouvernail mais des mains l’agrippèrent pour le retenir. Il comprit soudain que rien ne pourrait ralentir la course de l’embarcation. Il tenta désespérément de se jeter à l’eau pour sauver son fils. Des bras le maintinrent prisonnier.

Youmna, tordue de douleur, sanglotait.

Skout ! cria le pilote, taisez-vous ! Nous ne pouvons rien faire. Nous ne retournerons pas en arrière !

Jean Marc Delteil s’était endormi mais le débat avait laissé des traces. Il sombrait à présent dans un cauchemar dont il essayait vainement d’émerger. Il suffoquait et gémissait doucement, en proie à des visions étranges. Des rondeurs jaunâtres et mauves s’animaient autour de lui, comme un monde sinistre en gestation. A l’intérieur de ses paupières closes, des planètes liquides se formaient, s’assemblaient et se défaisaient.

Il avait le sentiment d’assister à un enfantement monstrueux. Un enfant s’échappait du ventre de la mère. Du ventre de la mer. Il eut l’impression d’être lui-même cet enfant pris entre deux eaux. Il perçut un cri. Mais ce cri avait ceci d’atroce qu’il était silencieux. Il le voyait mais ne l’entendait pas !

Delteil se réveilla en sursaut et s’assit sur le lit, haletant et fiévreux. Il prit quelqu’un secondes pour reprendre sa respiration. L’image du cri perdurait, un cri du silence qui lui rappela celui mis en scène par le peintre Munch.

Le lendemain, dans tous les journaux, une photographie barrait la une. On y voyait un enfant de trois ans mort sur une plage de Grèce. Un enfant sans vie, le visage dans le sable et dans l’eau. Un enfant de migrants à nos enfants semblables, avec son tee-shirt, son jean et ses petites baskets rouges.

Lorsque le bus arriva sur la place du village, la foule était au rendez-vous. Les deux couples et leurs enfants, rayonnants, descendirent à leur rencontre. Ils furent bientôt happés par un océan d’attentions.

Ceux qui étaient là furent surpris de voir arriver Delteil, porteur d’une brassée de jonquilles qu’il offrit aux femmes du groupe.

Je suis heureuse de vous voir parmi nous ! Lui dit Madame la Maire. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Cela va vous surprendre, répondit Delteil, mais j’ai entendu un cri… Peut-être celui de ma conscience.

Okazo reproponi tiun ĉi belegan tekston de Patrick SALINIÉ, okcitana kantisto, verkita post la publikigo de la tragika foto de la eta Aylan, 3-jara, trovita morta sur mediteranean plaĝo.

LA KRIO DE LA SILENTO

La luno forestis. Ĝi portempe fuĝis la ĉielon, kiun neniu stelo najlizis. Aro da diskretaj kaj mutaj ombroj antaŭeniris en tiu nigro elektita. Viroj, virinoj kaj multaj infanoj alkroĉitaj al la larĝaj vestoj de siaj patrinoj. La sablo malrapidigis ilian silentan paŝadon. Post la duno estos sekva duno kaj denove plia. Iu falis stumblante pro la valizo, kiu batis siajn krurojn de la komenco de la nokto, kaj subpremis plendon.

– « Skut! » Silentu! blovis brutala voĉo. Ni alvenas! Mi volas neniun bruon! Post tiu monteto estas la strando. Kaj la ŝipo.

Supre de la duno la maron ili aŭdis sed ne vidis. Nur la ondosalto kaj resalto diris, ke ĝi estas tie. Eĉ la vento silentis, detenante sian blovon, kiel ili detenis sian.

Malantaŭ la ondoj ili finfine ekvidis malhelan mason, kiu dancis en la helaj ŝaŭmoj. Unuvice, apogante sin unu sur la alia, ili eniris ĝis la talio en la malvarman akvon, kiu provis ilin malekvilibrigi, tenante super sia kapo siajn malmultajn pakaĵojn, kaj tiel brakforte ankaŭ la tro malaltajn infanojn.

De la fantomŝipo la trafikantoj levis ilin enŝipen unu post la alia, mallonge montrante la lokon por sidi, sin kaŝi, alpremiĝi kaj silenti.

Youmna kaj Nadim kunigis siajn tri idojn kaj provis krei neston protektantan ilin kontraŭ la glueca feraĵo de la ŝelo. Nadim pensis pri ilia fuĝo el Alep. Li sin demandis, ĉu estis ĝuste, ke li kondukis sian familion en tiun rustan ŝipaĉon. Ili vojiris inter du danĝeroj, la milito persekutanta ilin kaj nekonata abismo, kiu malfermiĝis antaŭ ili. Timo, alia timo, kaj espero strange miksitaj. Kion ili trovos ĉe la alia flanko? Oni parolis al ili pri Ateno, pri la aŭtoritatoj.

Nun la trafikantoj, incititaj, klarigas al unu el la fuĝantoj kiel piloti la ŝipon, kaj informas pri la farendaĵoj por atingi la grekajn marbordojn. Ili donis al li simplan orientilon, ekfunkciigis likantan kaj aĉe bruan motoron kaj forlasis la ŝipon.

Je pli ol tri mil kilometroj de tie la vilaĝo sin pretigis travivi strangan sperton. La loĝantaro kunigis en la festoĉambrego por informiĝi pri la decidoj. La novaĵo partigis la loĝantojn. De ses monatoj preciziĝis la ideo akcepti migrantojn, subtenata de la loka asocio « Interhelpo ». Loĝejon oni antaŭvidis. Plejparto de la administratoj ne sin montris malfavoraj. Iuj proponis amasigi donacojn por digne akcepti siajn novajn kuncivitanojn. Sed laŭ aliaj postrestis dubo, proksima al kolero.

Sur flagrubando metita malantaŭ la podio la asocio « Interhelpo » proprigis al si laŭmodan kanzonon : « Mi deziras al vi ĉiujn feliĉojn el la mondo, kaj ke iu proponas sian manon! » anoncis sur ruĝa fono la afiŝo.

Antaŭ mova ĉeestantaro, konscia pri la oponoj, la prefekto prenis la mikrofonon:

– Gesinjoroj, via multnombra ĉeesto atestas, ke la propono, kiun mi venis esprimi ne lasas vin seninteresaj. Mi konfirmas al vi, ke post unu semajno du siriaj familioj estos akceptataj en via vilaĝo. Du paroj havantaj infanojn po du. Ili fuĝis teruraĵojn en sia lando enmilita. Ilia azilpeto estis akceptita kaj ĉio estis farita, por ke ilia enmiksado estu kvieta. Mi deziras, ke ni havu pozitivan debaton, por alfronti ĉiujn restantajndemandojn.

La konversacio prezentis sin sub favoraj aŭspicioj. La prezidantino de « Interhelpo » rememorigis la devon pri homaranismo, menciis unu post la alia la kondiĉojn de akcepto, la monan subtenon de la ŝtato.

– Al homa aventuro ni ĉiuj estas invitataj. Mi certas, ke ĝi kondukos al reciproka riĉiĝo.

Kiuj estas kontraŭ la projekto, tiuj ankoraŭ ne diris eĉ unu vorton. Jean Marc Delteil, iu el la plej ardaj kontraŭuloj, laŭvorte furiozis. Li tordiĝis sur sia seĝo blovante kiel foko. Li finfine decidiĝis ekataki.

La ŝipo batalis kontraŭ la ondoj. La sindeklarintaj maristoj kondukis la superŝarĝitan ŝipaĉon inter Ĥaribdo kaj Scilo, gvatante trans la muĝanta malhelo la trankviligan lumon de lumturo. 150 emociegitaj vizaĝoj streĉiĝis al ili. 150 vivoj pendantaj per unu sola fadeno observis iliajn hezitajn gestojn. La kaptitoj malsekegaj, maltrankvilaj, suferis la ondoŝprucaĵojn, turmentataj de neelteneblaj naŭzoj. La plej juna el la gefiloj de Youmna kaj Nadim, skuata de spasmoj, alkroĉiĝis al la ferdeka balustrado, vomante energion, kiu forlasis lin. Sur lia tiel pala vizaĝo, liaj okuloj iĝis grandegaj.

En la bolanta festoĉambrego Delteil stariĝis:

– Kial nia vilaĝo? Mi komprenas la suferon de tiuj migrantoj sed ni ne povas akcepti la tutan mizeron de la mondo! Niaj elektitoj ilin gastu en siaj hejmoj. Ni devas resendi ilin al ilia devena lando; se ne, pliaj venos, kiujn ni ne povos rifuzi. Ni ĉi tie havas sufiĉe da personoj travivantaj malfacilaĵojn aŭ senlaboraj, tial ni ne serĉu pliajn aliloke! Prioritaton al niaj samcivitanoj!

Kelkaj sonaj aproboj sekvis tiun deklaron.

– Strange estas, kiel ni forgesas la duan parton de tiu frazo, diris la urbestrino: « Ni ne povas akcepti la tutan mizeron de la mondo » diris Michel Rocard, « sed el tiu mizero ni povas preni nian parton! ». Al tio ni estas instigataj. Ne pli, ne malpli, kun klarvideco, flanke de tiuj por kiuj la azilrajto havas signifon, por tiuj animataj de la solidarecaj valoroj. Multnombraj ili subskribis tiun alvokon: intelektuloj, esploristoj, ekonomiistoj, Neŝtataj Organizoj, Ruĝa Kruco, inkluzive de la Episkopoj de Francio kaj eĉ ĝis la Papo! Mi estas konvinkita, ke tiu akcepto estos valoriga ne nur por la protektotaj personoj sed ankaŭ por nia komunumo, por la membraro de nia lernejo, por la aktiveco de nia vilaĝo, por nia kolektiva honoro!

Delteil elvokis la malsekurecon, la kulturan diferencon, la lingvan baron:

– Tiuj kompatinduloj estos perditaj en niaj kamparoj !

– Eble malpli ol sub la bomboj! substrekis la panistino. Mi alvenis kun miaj portugalaj gepatroj komence de la sesdekaj jaroj. La valizon el kartono, mi konas! Ni estis bone akceptitaj. Ni nun estas asimilitaj.

– Jes, reparolis Delteil. Sed por vi ne estas same. Vi havis la saman kulturon kiel ni, vi estis kristanoj.

Indignigita brukriado venis el la ĉambrego. La prefekto rebatis:

– Ni ne konsideru la haŭtkoloron, la devenon aŭ la religion de la homoj, kiujn ni akceptas! Mi kredas diveni vian penson. Ĝi ne honorigas vin. Plie, kiu diras al vi, ke la migrantoj, kiujn vi ricevos ne estas ateistoj aŭ orientaj kristanoj? Sabaton, je la 11a, ili alvenos buse. Mi proponas, ke vi faru belan akcepton! Mi komprenas la hezitojn de ĉiu el vi sed opinias, ke gravas montri vian unuecon per la varmo de tiu akcepto.

La urbestrino precizigis, ke la ceremonio okazos en la geedziĝa ĉambrego.

– Mi proponas, ke ĉiu el vi venu kun floro enmane. Dankon al tiuj, kiuj povos sin liberigi.

Delteil denove montriĝis obstina:

– Ĉiukaze ne kalkulu pri mi !

La vilaĝo disiĝis ĉe tiu interŝanĝo.

Surmare, la vojaĝo fariĝis tragedio. Youmna subite stariĝis kaj kriis :

– Mia infano ! Mia infano ! Haltigu la ŝipon! Mia filo ĵus enfalis la maron !

Nadim rapidegis por provi ekvidi sian filon meze de la ondoj sed la piloto ne reagis, la ŝipo daŭre antaŭeniris.

– Haltu, mi diras, haltu!

Li provis trairi vojon ĝis la stirilo sed manoj kaptis lin por malhelpi. Li subite komprenis, ke nenio povos malrapidigi la movon de la ŝipo. Li malespere provis salti enakven por savi sian filon. Brakoj tenis lin malibera.

Youmna, tordita de doloro, plorsingultis.

– « Skut! » ekkriis la piloto, silentu! Nenion ni povas fari. Ni ne revenos malantaŭen!

Jean Marc Delteil malfacile endormiĝis. La debato lasis postrestaĵojn. Li nun sinkis en koŝmaron, el kiu li vane provis eskapi. Li sufokiĝis kaj mallaŭte ĝemis, turmentata de strangaj vidaĵoj. Rondaĵoj flavecaj kaj malvakoloraj moviĝis ĉirkaŭ li, kiel malbonaŭgura mondo naskiĝonta. Ene de liaj fermitaj palpebroj likvaj planedoj formiĝis, kuniĝis kaj disiĝis.

Li havis la senton, ke li ĉeestas monstran naskon. Infano eliris el la ventro de sia patrino. El la ventro de la maro. Ŝajnis al li, ke li estas tiu infano kaptita inter du akvoj. Li perceptis krion. Sed tiu krio havas la kruelegan econ esti silenta. Li ĝin vidis sed ne aŭdis!

Delteil eksalte vekiĝis kaj sidiĝis sur la lito, anhelanta kaj febranta. Li bezonis kelkajn sekundojn por reakiri la spiron. La bildo de la krio pludaŭris, krio el silento, kiu memorigis al li tiun enscenigitan de la pentristo Munch.

La morgaŭon en ĉiuj ĵurnaloj foto okupis la tutan frontpaĝon. Ĝi montris kvinjaran infanon mortintan sur strando de Grekio. Infanon senvivan, kun la vizaĝo en la sablo kaj la akvo. Infanon de migrantoj similan al niaj infanoj, kun lia T-ĉemizo, lia bluĝino kaj liaj etaj ruĝaj basketŝuoj.

Kiam la buso alvenis sur la placo de la vilaĝo la homamaso efektive ĉeestis. La du paroj kaj iliaj infanoj, ĝojradiantaj, elbusiĝis renkonte al ĝi. Ili baldaŭ estis kaptitaj de oceano da afablaĵoj.

La urbestrinon surprizis la alveno de Delteil, portanta brakplenon da jonkviloj, kiun li donacis al la virinoj de la grupo.

– Mi ĝojas vidi vin inter ni! Kio igis vin ŝanĝi vian opinion?

– Tio surprizos vin, respondis Delteil, sed mi aŭdis krion… Eble tiun de mia konscienco.

Un enfant syrien de 3 ans gît sur une plage à Bodrum (Turquie), après le naufrage de son embarcation à destination de l’île de Kos (Grèce), le 2 septembre 2015. (DOGAN NEWS AGENCY / AFP)

[3-jaraĝa siria infano mort-kuŝanta sur plaĝo en Bodrum (Turkio), post la sinkigo de sia boato direktita al la insulo Kos (Grekio), la 2-an de septembro 2015. (NOVAĴAGENCIO DOGAN / AFP)]